Pashmina signifie aujourd’hui en Inde châle en laine de pashmina. Cette laine nous vient d’une chèvre domestiquée himalayenne (Ladack, Tibet) nommée «Capra Hircus», vivant à plus de 4’500 mètres d’altitude. Son poil est épais. En revanche, son sous-poil est extrêmement fin et c’est ce dernier qui est utilisé pour la fabrication des châles en pashmina.

La qualité de la laine dépend de l’altitude à laquelle vit la chèvre. Plus l’animal vit en altitude, moins il se nourrira en protéines, donc il développera une laine plus fine. Il est intéressant de relever qu’en règle générale le poil du manteau intérieur est 14 fois plus fin qu’un cheveu humain. Une fois par an, au début de l’été, la chèvre est tondue au couteau. Il est dans un premier temps procédé à la coupe de la toison externe épaisse, puis dans un second temps à la coupe de la toison intérieure. Il est important de ne pas mélanger les deux sortes de poils. En effet, la laine de la toison interne sera utilisée pour la fabrication des châles en pashmina. Quant au manteau extérieur, il sera utilisé pour l’industrie du vêtement en cachemire.

raw pashmina wool
hand dyeing the wool


La maison du Pashmina

Genève

Son Histoire

Il a été établi que les premiers châles sont apparus environ 3000 ans avant J.C pendant la période harappéenne (Harappa étant une ancienne cité de la civilisation de la vallée de l’Indus située au Pakistan actuel). Cette région, axe important d’échanges commerciaux, était dirigée, à l’époque, par les marchands.
On sait également que l’empereur romain Aurélien (270 après J.C) aurait reçu du roi Sassanide Ier (civilisation Kushan) des châles indiens en laine de pashmina et de shatus. Il s’avère ainsi qu’à cette époque, la laine de pashmina et de shatus figurait, sans conteste, parmi les produits de luxe indiens arrivant par la fameuse et mythique «Route de la Soie».
Ces châles étaient évidemment réservés à l’élite royale et impériale.
Ce n’est qu’au XVème siècle, grâce à l’intervention du sultan Zain-Ul-Abidin, que l’industrie du châle fut vraiment développée. Ce dernier fit appel aux tisserands du Turkestan russe afin d’introduire, lors de la fabrication des châles, de nouvelles techniques de tissage, dont le fameux tissage à «armure sergé». Ce tissage avait déjà sont parallèle en Perse et en Asie centrale (le chevron).

Mais c’est à partir du XVIIIème siècle que l’on peut parler d’industrie prospère du châle, toutefois, toujours réservée à l’élite. En effet, le monopole royal ayant été levé, la demande s’accroît considérablement dans le milieu de l’aristocratie que ce soit au niveau local ou au niveau international. C’est à cette même période qu’apparut le châle carré «Lune» qui allait devenir très à la mode en Extrême-Orient, en Turquie et surtout en Russie.
Au XIXème siècle, le châle rectangulaire appelé aussi étole tel que nous le connaissons aujourd’hui est apparu. Les dessins connurent une grande évolution influencée par la culture et les goûts des différents acquéreurs et collectionneurs de ces pièces uniques. C’est ainsi que la beauté et la finesse du châle «Kashmir» sont arrivées à leur apogée.

Il est important de savoir que la laine de la toison interne, vu sa finesse, ne peut être filée et tissée qu’à la main contrairement à la laine épaisse du manteau extérieur qui pourra être travaillée à la machine.
Enfin, il existe une certaine confusion entre la laine de pashmina et la laine de «shatus». Cette dernière est plus fine que la laine de pashmina et nous vient non pas d’une chêvre domestiquée mais d’une antilope sauvage protégée et en voie de disparition. Sa commercialisation est strictement interdite.

Ancien wooden printing blocks:
mughal art


La maison du Pashmina

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Il sied de relever que la fabrication d’un châle «Kashmir» peut prendre plusieurs années suivant la complexité du dessin. La technique du tissage de ce châle se nomme «Kanikar» qui est une forme sophistiquée de tissage importée du Turkestan russe au XVIème siècle selon la technique «armure sergé», à noeuds doubles.
La réputation mondiale du châle «Kashmir» et son essor commercial incitèrent très vite les tisserands anglais et français à les imiter grâce à l’apparition, à cette même époque, du métier à tisser mécanique de Monsieur Jacquard. Ainsi, la production du châle fut vulgarisée. Des industries textiles ouvrirent leurs portes à Norwich (Angleterre), Paisley (Ecosse) et en France. Le châle dit «Kashmir» tissé mécaniquement fut dès lors vendu à plus grande échelle et à moindre coût.

Durant la seconde moitié du XIXème siècle, afin de contrer cette concurrence, apparut encore le châle brodé appelé «Amlikar». Ce terme signifie copier. Il s’agissait de reproduire les dessins des châles tissés â la main, par de la broderie. Ceci permettait la diminution des coûts et du temps de production. On allait ainsi démocratiser le châle de qualité, tissé et brodé main, afin de le commercialiser sur les marchés europèens et extrème-orientaux. Par démocratisation, il faut entendre grand attrait de la bourgeoisie naissante pour ce produit de luxe.

La fabrication d’un châle en pashmina

1Une fois la laine de la toison intérieure achetée on trie les poils de même longueur et on enlève les pailles et autres impuretés, puis on lave la laine à l’eau mais jamais avec du savon.

2Cardage de la laine ce qui veut dire qu’on va la déméler à l’aide de deux petits peignes en bois.

3Une fois cardée, la laine est prête à être filée. Pour lui donner plus de résistance on la frotte avec de la farine ou une pâte de riz pilée.

4Le filage peut enfin commencer avec le fuseau de bois appelé «Takli».

5On file le fil en deux types de qualité: le fil de chaîne et le fil de trame. Le fil de chaîne doit être plus solide que le fil de trame.

6On procède à l’amidonnage des fils.

7On monte le mêtier à tisser.

8On procède au tissage.